Entretien avec Karine GUERIN

Karine habite à Ploërdut dans le Morbihan. Elle élève des chèvres depuis 1999.
Karine est membre cofondatrice de l’association, elle en a été la présidente pendant 10 ans.

Depuis quand as-tu des chèvres des fossés ? Pourquoi cette chèvre et comment as-tu eu tes premiers reproducteurs ?

Mon mari et moi sommes arrivés en Bretagne en 1999. Passionnés par la conservation des races locales, nous cherchions une chèvre du terroir pour entretenir nos 3 hectares de l’époque.
Notre première chèvre des fossés fut un bouc : « Rocky de la Bintinais », que nous avions acheté en 2000 après avoir découvert la chèvre des Fossés à l’Écomusée du Pays de Rennes et rencontré Jean Paul Cillard.
De 2001 à 2004, nous avons constitué un petit cheptel par collectage de femelles, souvent âgées, sur la Foire de LESSAY, dans les fonds de campagnes, par le bouche à oreille.
Toutes les jeunes chevrettes nées de ces vieilles fondatrices ont été conservées et nous étions parvenus à une quinzaine de femelles en 2004.

Comment as-tu sélectionné ton troupeau ?

Jusqu’en 2004, la « sélection » a simplement consisté à augmenter notre nombre de femelle, en veillant à conserver l’ensemble des souches que nous avions collectées. A partir de 2004, année où nous nous sommes lancés dans la production fromagère, l’objectif de développement de la taille de notre troupeau s’est accentué.
Aujourd’hui, le troupeau s’est stabilisé autour de 70 chèvres. Nous avons réussi à maintenir dans ce troupeau l’ensemble des lignées femelles collectées dans le début des années 2000, et introduit de nouvelles lignées par le choix de nos boucs reproducteurs.
L’objectif est de maintenir, dans notre troupeau, cette diversité des lignées présentes, qui se traduit chez nous par une grande diversité de robes de nos chèvres.

Que recherches-tu dans ton troupeau ?

Aujourd’hui nous cherchons évidemment à conserver la diversité de nos souches, tout en mettant l’accent sur la qualité de nos chèvres, en rapport avec notre production fromagère et le mode d’alimentation des chèvres, basé sur le pâturage en zone naturelle humide. Nous recherchons à conserver des chevrettes trapues, de taille moyenne, issues des mères les plus résistantes à la pression parasitaire et qui supportent le mieux le pâturage en zone humide.
Coté production laitière, nous ne nous focalisons pas sur les meilleures laitières, et préférons des chèvres correctes en production avec de belles mamelles. Les lignées les moins laitières sont néanmoins progressivement réorientées vers l’utilisation en écopaturâge.

Ce qui te semble important dans l’avenir ?

A l’avenir, il me semble important de conserver la polyvalence de cette chèvre : capable d’assurer une production laitière, d’élever son ou ses chevreaux et de pâturer les zones naturelles de nos régions. Cela passe par la conservation de la diversité de nos souches, et donc de nos éleveurs au sein de notre association : amateurs et petits détenteurs, structure d’écogestion et de plus en plus aujourd’hui : éleveurs fromagers . La présence et l’action de tous au sein de l’ASP Chèvre des Fossés est la garantie du respect des caractéristiques de notre race et de sa diversité.
A court et moyen terme, il me semble également primordial d’accompagner les projets d’installation fromagers, afin de s’assurer de leur pérennité et de l’avenir de leur chèvres.

Et enfin quels sont tes objectifs ?

Notre ferme est aujourd’hui à son point d’équilibre, qui nous permet d’allier « projet de conservation d’une race » et « revenus économique ». Nos objectifs vont vers une meilleure organisation, afin de dégager du temps pour la vie familiale, … et l’association !
En outre, nous devons assurer la pérennité de notre outils de travail et de notre troupeau de chèvres, en préparant l’arrivée d’un(e) associé(e) sur la ferme d’ici quelques années.